La philosophie du lieu

Nous ne souhaitons pas être une oasis dans le désert mais contribuer à l’écosystème local, cultiver l’intelligence collective, partager des idées, des moments !

La salle commune ne sera pas uniquement dédiée aux habitants de “l’Autre Nid” mais permettra l’éclosion de multiples projets et activités qui, au-delà de vivre à Sauxillanges, pourront aussi participer à faire vivre Sauxillanges!

Nous avons déjà imaginé différentes activités autour de cet écolieu. Nous voulons ainsi donner vie à nos rêves et créer du lien social :

  • en mettant en place via l’écolieu de nouveaux services : pedibus, voiture partagée, commandes groupées de produits (épicerie, graines, vins), une boîte à dons, des instruments de musique partagées…
  • en organisant chaque année un festival. On a déjà trouvé le nom, ce sera le festival de CAN (Collectif de l’Autre Nid) avec des spectacles, des concerts, un chantier participatif, un bal du dimanche, une chasse aux oeufs de cane (vous l’avez ?). Vous viendrez boire un coup à l’autre nid bar (vous l’avez aussi ?) !
  • en invitant des passionnés pour un stage ou des ateliers : permaculture, low-tech, shiatsu, plantes, lecture, rencontre…
  • en mutualisant des temps d’épluchage, dénoyautage, ou cassage de noix pour faire ensemble des conserves, des repas
  • en partageant notre expérience pour que d’autres écolieux voient le jour.
  • et tout ce que l’on a pas encore imaginé.

Le projet architectural

Les habitants sont à la fois auto-promoteurs et futurs habitants du lieu. Le collectif est maître d’ouvrage et travaille à la conception architecturale avec le collectif d’architecte les andains.

Notre vision de l’habitat participatif : la sobriété de la construction et des usages

  • Une salle commune multi-activités ouverte sur le territoire, lieu de rencontre et de lien social
  • Des espaces partagés (buanderie, atelier, chambre d’amis, potager,…) pour les habitants mais pas que…
  • Une conception architecturale biosourcée et bioclimatique, qui met à profit les caractéristiques naturelles du site et privilégie les ressources locales géo et bio sourcées (terre, bois, paille, pierre, chaux)
  • 5 logements tous adaptables PMR (dont 1 dédié séniors)
Maquette du projet

Les architectes ont la parole

S’installer ensemble

Le projet de l’autre nid a d’abord commencé par une envie de rénovation : poser ses valises, à plusieurs familles, dans un cadre bâti et paysager existant, à transformer, à adapter.

Il s’agissait de rénover plutôt que de construire, d’adapter plutôt qu’imaginer. Au fil des visites, les besoins et les envies se sont précisés et une rencontre s’est produite. Non pas avec une construction, mais avec un lieu, un milieu avec lequel interagir, s’intégrer dans un écosystème. Loin de l’idée d’habiter en collectif pour s’isoler ensemble, il s’agit d’habiter ensemble pour tisser et relier. Le Champs Camarets est un terrain en légère pente vers le cours d’eau de l’Eau Mère, entouré d’anciens murs en pierre palissé. Situé dans un environnement résidentiel, il est à deux pas du centre bourg où ici, la vie villageoise s’organise précisément pour résister et penser de nouveaux possibles.

Faire ensemble

Architectes et enseignant.e.s, nous défendons une approche du projet, qu’il soit architectural, urbain ou paysager, par et pour le collectif. Au-delà du résultat fini, c’est aussi le processus de conception qui nous intéresse, ou comment le projet émerge par la parole et le dessin, de manière immatérielle, avant qu’il ne devienne réalité construite. Faire ensemble nécessite de mettre au point des méthodes et des objectifs partagés, de trouver la bonne façon de communiquer. C’est avec l’ensemble des partenaires du projet que nous avons construit une méthode commune. Des ingénieurs structure, un économiste de la construction, une thermicienne, un bureau de contrôle, autant d’acteurs réunis pour leur connaissance du territoire, leurs compétences plurielles et leur appétence à imaginer des formes d’habitat socialement et écologiquement vertueuses.

Dans cette démarche, les habitants sont au cœur du processus de décision. Nous imaginons, testons, proposons, transmettons et sensibilisons pour entrer en discussion. Il s’agit pour nous de transmettre l’ensemble des éléments, tangibles mais aussi sensibles qui permettent aux habitants d’être acteurs du projet à travers des séries de choix liants écologie, économie, architecture et usages pour trouver l’équilibre, leur équilibre.

Se disposer

L’implantation du projet s’est dessinée au fur et à mesure de l’écriture du programme. Il se définit en une succession d’espaces intimes et collectifs, depuis l’individu, la famille, pour aller vers le collectif d’habitants, entourés de leurs proches jusqu’aux habitants du village et des environs. Comment s’ouvrir ? Mais aussi se protéger ? Comment vivre ensemble ? Comment habiter côte à côte tout en pouvant se replier sur soi ? Comment se croiser ? et pouvoir rester pour faire commun ? Comment accueillir ? – tout en restant chez soi.

À partir de ces questions, nous esquissons la construction de ce nouvel habitat avec la même attention que si l’on soignait un bâti ancien. Construire, ce n’est pas partir d’une page blanche, mais de la même façon, travailler avec l’existant. Nous nous sommes appuyés sur ce qui est déjà là, pour imaginer des espaces permettant de rendre possibles et vertueuses les relations entre les habitants et leur environnement.

Le sol

Le sol est considéré comme une constituante du lieu, déjà là, vivant. Il est préservé autant que possible avec ses caractéristiques et notamment sa topographie. Meilleur allié pour gérer le plus simplement les eaux pluviales, sa topographie mène déjà les ruissellements vers la rivière. Pour obtenir un sol continu, depuis l’extérieur vers l’intérieur, et vice-versa, garantissant ainsi l’accessibilité du bâti au plus grand nombre, des murs en pierres sèches seront dressés en amont, pour organiser certaines plateformes. D’une hauteur d’assise, ils soutiendront et orienteront les différents espaces, sans pour autant dissimuler. Construits sans mortier, ils constitueront un habitat pour la faune, et laisseront les eaux pluviales s’écouler.

Les lignes et les plateformes façonnées guideront le pas et le regard pour différencier les espaces intimes des espaces collectifs, les espaces du quotidien et ceux du ponctuel et de l’événementiel. Le sol qui sera décaissé, parce qu’il est richesse et non déchet, deviendra une ressource pour bâtir et apporter de l’inertie aux habitations.

Le soleil, le vent, la pluie

L’orientation du terrain par rapport du soleil a dicté l’implantation du projet. Disposées en retrait et en contrebas de la route, là où la pente est douce, les habitations s’ouvrent au Sud sur des jardins en terrasses et au nord sur le jardin ombragé vers la rivière. Traversées par la lumière, accolées pour se tenir chaud, les habitations se déploient sur deux niveaux. Deux grands seuils les unifient : au nord la coursive qui permet de s’abriter pour rentrer chez soi, stocker quelques affaires, prendre l’air les jours de grande chaleur – et au sud, la pergola pour faire pousser la végétation, se protéger du soleil en été, manger ou lire à l’abri des regards.

Se connecter au village et accueillir

Du côté Ouest du terrain, là où se fera l’accès public, les lignes construites se déhanchent. Le bâti s’élève pour inviter, s’avance pour accueillir. Point de rotule entre les habitations individuelles et les espaces partagés, l’architecture organise le quotidien et l’événement, le collectif des habitants qui rencontre celui des habitants du village.

Penser le temps long

Des spécificités de chacune des familles, a émergée une typologie unique et flexible, permettant d’imaginer le projet au-delà de la vie propre à chacun des habitants. Il s’agit d’imaginer un habitat pour soi, tout en s’écartant de la notion de propriété, d’imaginer un habitat qui puisse être celui d’un autre car dans ce lieu, le bien commun dépasse la temporalité de l’individu.

S’inventer notre propre écologie : vers le lowtech pour une construction résiliente

Loin des labels, mais dans le cadre des normes en vigueur, nous nous questionnons sur l’écologie. Pas celle qui résulterait d’un assemblage de solutions technologiques innovantes, mais plutôt celle qui organise la relation triangulaire entre nous, l’activité que nous générons et l’environnement. Puisque nous produisons l’environnement duquel nous dépendons, réfléchir à ces questions dans le cadre de ce projet nous est apparu essentiel. Apprenant de l’architecture vernaculaire, nous souhaitons questionner les ressources locales et réactiver des savoir-faire locaux pour tendre vers une architecture résiliente et sensible, en lien avec son milieu.